Premier rapport RSPG sur la 6G : une vision stratégique

Cinq ans avant le lancement de la 6G, le RSPG a publié son premier rapport proposant une vision stratégique qui préfigure les discussions à venir pour l’élaboration d’une feuille de route sur les fréquences qui seront mises à la disposition de la 6G.
Les points saillants
Ce rapport se fonde sur les travaux de recherche et de normalisation, notamment sur les scénarios d’usage de la 6G (dite « IMT-2030 » dans la terminologie de l’UIT) ainsi que les capacités et fonctionnalités qu’elle offrira. Au sein de l’UIT, les travaux se poursuivent pour :
- définir les exigences de performance de la 6G selon ses contextes d’usage,
- préciser le processus d’examen des propositions d’interfaces radio IMT-2030, de vérification des performances et de rapprochement entre les technologies, afin de minimiser le nombre d’interfaces radio.
Il reprend aussi les contributions des parties prenantes (organismes de recherche, équipementiers, opérateurs…), notamment recueillies lors d’un atelier en septembre 2024 et d’une consultation publique. Il prend note de la demande de l’industrie de pouvoir disposer de nouvelles bandes intermédiaires (« mid-bands », entre 3 et 15 GHz) afin d’obtenir 200 MHz de spectre supplémentaire par opérateur, et d’une feuille de route à brève échéance.
Le rapport rappelle que les usages « verticaux » (spécifiques à un secteur industriel) seront essentiels pour le développement de la 6G, et que la bande de fréquences 3,8-4,2 GHz, en cours d’harmonisation pour les déploiements locaux, sera également utile. Le rapport met en exergue le nouveau rôle du satellite (non-terrestrial networks) qui, en fonctionnant directement avec les smartphones, permettra d’offrir une connectivité globale, déjà progressivement intégrée aux normes de la 5G. Enfin, il soulève la question de l’intégration ou de l’interopérabilité entre les réseaux mobiles et des réseaux d’accès fixes, où la connexion avec les terminaux peut se faire par WiFi. Cela pourrait en effet avoir un impact sur les besoins en fréquences.
La question du partage du spectre occupe une section entière du rapport, rappelant l’importance du partage intra-réseau (entre technologies) grâce à la fonctionnalité de multi radio access technology spectrum sharing (MRSS), en cours de normalisation. Les conclusions pour le partage avec les autres services sont plus nuancées. Elles soulignent l’intérêt du partage, l’importance d’un effort de recherche en ce sens, mais aussi la difficulté actuelle de recommander des solutions concrètes. Seule l’idée de pouvoir programmer les antennes actives a été proposée, afin de limiter leurs émissions dans les directions où des stations d’autres services devraient être protégées, et donc faciliter la coordination avec des stations fixes.
Et après ?
La prochaine étape des travaux RSPG sera de proposer une feuille de route pour les fréquences de la 6G, selon un calendrier qui sera bientôt fixé.
Concernant les bandes de fréquences intermédiaires, le rapport fait la synthèse des discussions en cours sur la bande 6 GHz (6 425-7 125 MHz) et rappelle que seule la bande 7 125-7 250 MHz pourrait être pertinente en Europe. En effet, les autres bandes évoquées par le point 1.7 de la CMR-27, utilisées en Europe par des systèmes critiques de la défense et de la communauté scientifique, ne pourront pas être rendues disponibles au moment de l’arrivée de la 6G. L’avis RSPG sur la bande 6 GHz, qui devrait être en consultation publique cet été, apportera dès cette année une réponse sur les possibilités d’accès de la 6G à cette bande.
Mais les bandes intermédiaires ne seront qu’une des gammes de fréquences possibles parmi celles qui sont envisagées pour la 6G. La feuille de route devra donc également aborder la question des bandes basses (< 1 GHz), mais aussi des bandes millimétriques, aujourd’hui très peu utilisées pour la 5G, ainsi que les bandes sub-THz, encore plus hautes, qui font l’objet de nombreux travaux de recherche mais devraient rester limitées à des applications à courte portée. L’intégration avec les usages non-terrestres (satellites) soulève quant à elle des questions spécifiques de gestion des fréquences. Il s’agira enfin de favoriser le développement d’un écosystème industriel cohérent et d’aborder la question du calendrier de lancement de la 6G, qui permettra d’en déduire le moment où les États membres devront mettre ces bandes à la disposition de cette nouvelle technologie.