La protection des radioaltimètres vis-à-vis de la 5G dans la bande 3,4-4,2 GHz
L’arrivée de la 5G dans la bande 3,5 GHz avait suscité en 2020 en France et en Europe des inquiétudes sur un risque éventuel de brouillage des radioaltimètres de l’aviation civile fonctionnant dans la bande 4,2-4,4 GHz, notamment utilisés lors des phases d’atterrissage des avions. La France avait donc pris des mesures immédiates de précaution autour de certains aéroports et héliports.
Des études avaient été lancées au niveau européen, étendues par la suite à la bande 3,8-4,2 GHz en réponse à un mandat de la Commission à la CEPT pour l’harmonisation de cette bande pour des réseaux professionnels à couverture locale limités à de faibles ou moyennes puissances.
Les résultats de ces études font aujourd’hui l’objet d’une consultation publique de la CEPT jusqu’au 19 août. Elles analysent les conditions de coexistence des radioaltimètres avec :
• la 5G dans la bande 3,4-3,8 GHz ;
• les technologies 5G et le DECT dans la bande 3,8-4,2 GHz, avec des puissances faibles ou moyennes.
En parallèle, les projets de décision ECC et de rapport CEPT en réponse au mandat de la Commission déjà cité sont aussi en consultation publique.
Les études sur la protection des radioaltimètres ont exploité des données issues des mesures des constructeurs de radioaltimètres en faisant différentes hypothèses. Pour la protection vis-à-vis des opérateurs mobiles dans la bande 3,4-3,8 GHz, un doute subsiste. En effet, un premier jeu d’hypothèses justifierait les mesures prises en France autour de certains aéroports, alors qu’un autre jeu conclut que les administrations n’ont pas besoin de ces précautions.
Concernant les études sur la protection vis-à-vis de la 5G professionnelle à faible et moyenne puissance dans la bande 3,8-4,2 GHz, les résultats préliminaires vont dans le sens d’une absence de risque de brouillage. Cela s’explique par les limites strictes de puissance pour ces usages (51 dBm de puissance rayonnée) et par la dégradation limitée du fonctionnement des radioaltimètres à 4,2 GHz, selon les rapports de la RTCA. Néanmoins, la consultation, qui rappelle l’objectif d’éviter d’avoir à prendre des mesures spécifiques autour des aéroports, soulève plusieurs questions qui restent à résoudre, notamment celle qui concerne les limites de rayonnements non désirés que produisent les stations de base à antennes actives dans la bande des radioaltimètres. Quant à la technologie DECT également envisagée pour des usages professionnels, les études montrent qu’elle procure une marge suffisante pour permettre la coexistence avec les radioaltimètres.
En parallèle, l’industrie aéronautique spécifie pour la fin 2024 des radioaltimètres mieux protégés contre les brouillages (MOPS). Ces appareils devront en effet, au cours des prochaines décennies, fonctionner dans un nouvel environnement radioélectrique et tenir compte d’autres contraintes (cybersécurité, par exemple).
Pour apporter une visibilité à long terme tant au secteur des mobiles qu’à celui de l’aéronautique, la Commission a publié fin avril une première feuille de route traitant de l’harmonisation dans les bandes 3,4—3,8 GHz et 3,8-4,2 GHz et intégrant une mise à niveau des radioaltimètres grâce à ces nouvelles spécifications. Elle rappelle que l’Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA ou EASA) estime qu’il n’existe pas de risque de sécurité avéré en présence de 5G dans 3,4-3,8 GHz, mais qu’un suivi opérationnel d’éventuels problèmes de brouillage reste nécessaire. Elle établit un calendrier de « rétrofit » des radioaltimètres, qui devra intervenir en 2031/32 au plus tôt.
L’achèvement des études techniques de la CEPT sur la protection des radioaltimètres constituera donc une étape importante pour statuer définitivement sur les risques vis-à-vis de la 5G dans la bande 3,4-3,8 GHz et permettre l’harmonisation européenne de la bande 3,8-4,2 GHz pour la 5G professionnelle.