Pouvez-vous brièvement raconter votre parcours ?
J’ai obtenu un master en électronique embarquée et systèmes de communication en 2003. J’ai fait mon cursus scolaire en apprentissage chez Cetecom, expert en certification de produits de télécommunication, qui m’a ensuite embauché. Après 5 ans, j’ai rejoint l’ANFR à la Direction du contrôle du spectre au département ingénierie du contrôle. J’étais en charge des investissements pour le spectre radioélectrique et des groupes de travaux internationaux, ce qui a renforcé ma vision stratégique. C’est en 2011 que je suis passé chef du département du contrôle technique du service régional (SR) de Villejuif, un poste qui concilie à la fois stratégie et terrain.
Qu’est-ce qu’un service régional ?
Pour ses actions de contrôle de sites et réseaux radioélectriques et pour instruire les cas de perturbations et de brouillages signalés, l’ANFR s’appuie sur ses équipes déployées sur le terrain. Elles sont réparties sur 6 SR qui couvrent l’ensemble du territoire métropolitain. Le SR de Villejuif quadrille toute la région parisienne (sauf les Yvelines), les Hauts-de-France, la Normandie et une partie de la région Centre.
Quel est le rôle du département contrôles techniques ?
Le département contrôles techniques (CT) est composé de 8 techniciens et mon adjoint qui a aussi la charge de l’exploitation et la maintenance de nos stations fixes. Notre activité principale est le traitement de brouillages et la protection de la réception TV. Nous traitons les demandes d’instructions de brouillages des particuliers mais aussi des professionnels : Police nationale, Aviation civile, pompiers, opérateurs de téléphonie mobile… Suite à la constatation d’un brouillage persistant, des agents se rendent sur place avec du matériel spécifique pour déterminer la source de perturbation. Une opération qui peut durer plusieurs jours. Nous participons également à ce qu’on appelle « les grands événements » : Roland Garros, Championnat d’Europe de football … pour lesquels nous vérifions les attributions de licences temporaires et réglons les cas de brouillages. Au-delà de ces deux missions, le département CT est un support technique pour l’Agence et pour d’autres services étatiques (mesures aux frontières pour vérifier les accords de partage du spectre, mesures de protection des bandes radioastronomes…). Par exemple, nous pouvons être amenés à réaliser des mesures de champs électromagnétiques spécifiques pour les expérimentations 5G.
Quelles sont vos missions quotidiennes ?
Je manage 9 personnes réparties sur 2 sites : Villejuif et notre antenne de Boulogne sur Mer qui compte 2 techniciens. Ma mission majeure est donc d’élaborer, planifier et coordonner les interventions terrains pour l’identification des sources de brouillages. J’ai la chance d’avoir une équipe autonome et volontaire. Je veille tout de même à gérer les urgences. Si aucun de mes agents n’est disponible, je peux me rendre sur le terrain. Je me déplace aussi pour tout ce qui est expérimental et l’utilisation de matériel de pointe. Je tiens un rôle d’expert sur tout ce qui attrait à la nouveauté : scanner de téléphonie mobile, analyseurs de spectre avec des fonctions de démodulation avancées (analyse temps réelle, démodulation 5G)...
Avez-vous une anecdote concernant un cas de brouillage ?
Un agent et moi-même nous sommes rendus dans une petite ville de Normandie car un quartier tout entier ne recevait plus la TNT . Après avoir recherché la source du brouillage à l’aide d’équipements appropriés, nous avons pu déterminer que le signal brouilleur provenait d’une habitation. C’était l’amplificateur TV d’une personne âgée qui produisait des fréquences parasites. Cet appareil électronique était défectueux. Son signal interagissait avec l’extérieur et se propageait dans le voisinage. L’amplificateur était brûlant. Nous avons peut être évité à la personne des dommages plus importants encore.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
Les fréquences c’est un monde à part entière, et il est en transformation permanente ! Après toutes ces années, je continue d’être surpris. Les fréquences sont complexes, leur utilisation évolue pour répondre à nos besoins. Il y a donc un aspect prospectif, ce qui me plait particulièrement. Par exemple, nous sommes aux premières loges dans l’établissement de la 5G. Je fais ce que j’aime, et en plus j’honore ma mission de service public !
Quelles qualités faut-il pour exercer votre métier ?
Je dirais qu’il faut être curieux, s’intéresser aux nouvelles technologies et être à l'affût des évolutions. Une capacité d’adaptation est tout aussi indispensable. Savoir gérer ses ressources est également primordial : attribuer à chaque agent le cas de brouillage qui correspond au mieux à ses compétences.