Pouvez-vous brièvement raconter votre parcours ?
Je suis rentré dans un lycée militaire à l'âge de 16 ans. Pendant 3 ans, j'ai poursuivi ma scolarité et j’ai ensuite rejoint différents régiments en tant que chef d’atelier radar radio. Dans ce cadre, j’ai réalisé de nombreux séjours outre-mer avec entre autres des missions au Tchad, République Centre Africaine, Somalie et Djibouti. Après 17 ans de service, j’ai décidé de quitter l’armée. C’est donc en 2000 que j’ai passé un concours pour intégrer le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de l'Isère afin de monter un réseau radio alternat bi-fréquence. Une quinzaine d’année plus tard, j’ai été recruté par le centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA) de l’Isère pour gérer le réseau radio des routes. En 2016, un agent de l’ANFR était venu effectuer un contrôle des équipements radioélectriques. Nous avions discuté et je me suis rendu compte que l’ANFR traitait tout un aspect radio que je ne connaissais pas, notamment le contrôle maritime. J’ai finalement postulé au service régional de Toulouse afin de l’intégrer en tant que contrôleur de conformité en 2017.
En tant que contrôleur de conformité, quel est votre rôle ?
Mon rôle est de contrôler l’utilisation des fréquences radioélectriques, c’est-à-dire de vérifier que les stations radio et les réseaux des exploitants sont conformes aux déclarations effectuées et à la réglementation. Cette démarche permet de s’assurer que les bases nationales que l’ANFR met à jour correspondent avec les installations et les utilisations de fréquences sur le terrain. Cela permet aussi de prévenir les risques de brouillages et participe donc de la sécurisation du spectre des radiofréquences.
Afin de remplir cet objectif, quelles sont vos missions ?
D’une part il y a le contrôle terrestre. Je réalise des inspections sur un rayon donné où il y a plusieurs supports et donc beaucoup d’émetteurs, c’est ce qu’on appelle des inspections de sites radioélectriques (ISR). On fait d’abord une pré-visite « incognito », puis on envoie une convocation un mois avant la visite officielle. On va alors comparer ce que nous avons mesuré et visualisé lors de la pré-visite et ce que l’exploitant a déclaré. On peut trouver des émissions sans autorisation, des émetteurs pas déclarés, des stations déclarées qui n’existent plus, etc. En fonction de la gravité des faits, la non-conformité peut être taxée. Sur des sites plus petits, les contrôles sont inopinés, il n’y a pas de convocation, je réalise seul les mesures si je détecte un gros problème.je peux être amené à convoquer les propriétaires Je contrôle aussi des réseaux radio indépendants : police municipale, bus, taxi, etc.
D’autre part, je fais du contrôle maritime pour lequel j’ai dû passer le certificat général d’opérateur (CGO). Il s’agit de vérifier sur les navires tout ce qui est relatif au système mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM), on vérifie la présence et par la mesure que le bateau dispose du matériel radioélectrique approprié et en bon état de fonctionnement lui permettant une navigation en mer sûre .Je peux être amener à contrôler des bateaux à l'étranger
On fait également passer les examens certificat restreint de radiotéléphoniste (CRR).
La surveillance de marché permet aussi de remplir ma mission via le contrôle dans les magasins des objets utilisant une émission radio : téléphones, objets connectés, jouets... Dans ce cas on ne réalise pas de mesure mais un contrôle administratif où l’on vérifie la normalisation de l’emballage, le marquage de l’appareil, la documentation obligatoire. Cela peut s’accompagner d’un prélèvement de matériel qui sera amené dans un laboratoire accrédité pour des mesures techniques le cas échéant.
J’ai eu l’occasion d’intervenir lors de « grands événements », comme le Tour de France, pour lesquels l'ANFR coordonne l’attribution de fréquences provisoires et met fin aux cas de brouillages. .
Intéressé par les nouvelles technologies, vous utilisez des drones lors de vos missions de contrôle ?
En effet, j’ai passé l’examen de télépilote il y a un an et demi afin de pouvoir utiliser les drones dans le cadre des inspections de sites radioélectriques. Lorsqu’un pylône fait 100 voire 200 mètres de hauteur, il est difficile d’identifier les antennes. Avec le drone, il n’y a plus ce souci car on a une vision claire de ce qui se passe en haut. On gagne en qualité de travail et surtout en précision, il y a beaucoup de choses qu’on ne voyait pas avant. Pour l’instant on utilise le drone pour le repérage photographique des aériens et de l’état de l’infrastructure mais on étudie aussi son utilisation pour faire des mesures techniques en embarquant un analyseur de spectre. Actuellement, nous sommes 3 télépilotes formés au sein de l’ANFR, et deux autres sont en cours de formation.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier et quelles qualités faut-il ?
Je dispose d’une grande d’autonomie, on me fait confiance. J’aime pouvoir m’organiser. Mon quotidien est extrêmement varié, j’ai plein de missions différentes. Je suis constamment en déplacement. Mais j’aime ce que je fais, les jours ne se ressemblent pas. Il faut pouvoir apprécier de travailler seul, tout en étant en contact avec de nombreux interlocuteurs. A mon avis, il faut avoir le sens du contact, faire preuve de tact mais aussi de fermeté.