Comment êtes-vous arrivé à l’ANFR ?
J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur de L'École supérieure d’ingénieurs en électrotechnique et électroniques (ESIE Paris) en 2003. Durant mon cursus, j’ai effectué un stage au centre de gestion des radiocommunications de l’ANFR de Noiseau qui m’a permis de me familiariser avec le monde des fréquences et l’ANFR. Après mon stage de fin d’études effectué chez SFR, j’ai eu la chance de me faire embaucher directement à l’Agence. J’ai depuis eu l’opportunité d’occuper différents postes au sein de différentes directions.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours au sein de l’Agence ?
J’ai débuté à la Direction de la gestion des fréquences (DGF) comme responsable au sein du département assignation des fréquences. J’ai notamment été Président de la Commission d’assignation des fréquences ainsi que directeur métier du développement de l’application relative au fichier national des fréquences durant 6 ans.
Suite à ces années passées à la DGF, j’ai effectué un passage à la Direction de la planification et des affaires internationales (DPSAI) en tant qu’expert en ingénierie du spectre. A ce poste, j’ai endossé le rôle de représentant à l’Union internationale des télécommunications (UIT) ainsi qu’à la conférence européenne des postes et des télécommunications en spécialité radiodiffusion (TV, Radio etc.) et du dividende numérique (fréquences rendues disponibles par la numérisation des programmes de télévision existants) ainsi que sur les espaces blancs (gestion des fréquences TV dans le cadre d’autres usages). J’ai également à ce moment eu la chance d’être en charge de la mise à jour du Tableau national de répartition des bandes de fréquences (TNRBF) et de la préparation de la Commission de la Planification des Fréquences (aujourd’hui appelée Commission sur l’Evolution du Spectre). 2 ans plus tard, j’ai pris le poste de chef du département négociation des accords aux frontières dont les principales activités portaient sur la définition de plans de fréquences de la TNT . En effet, il a, à ce moment, fallu réorganiser tout le spectre de planification ainsi que les canaux de diffusion. Cette réorganisation nécessite une forte coopération internationale se traduisant par plusieurs années de négociations. La coordination du plan de fréquence passe par la coopération avec les pays voisins de la métropole mais aussi de l’Outre-Mer pour éviter les brouillages !
C’est grâce à ces différentes expériences au sein de l’ANFR et aux bagages accumulés durant ces années que j’ai pu accéder au poste de responsable de l’Antenne de Polynésie française en 2018. Ce poste me permet d’appréhender tous les métiers de l’Agence : planification du spectre, contrôle radio-maritime et terrestre, exposition du public aux rayonnements électromagnétiques, préparation et réalisation de convention avec les entités partenaires, gestion et enregistrement des bases de données et dernièrement de la préparation de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024…
Pouvez-vous préciser le rôle de l’ANFR en Polynésie française ?
L’Antenne polynésienne est en fait un relais local de l’Agence, elle est chargée d’en exercer les missions. Il est nécessaire de comprendre toutes les missions et de pouvoir exercer l’ensemble des métiers de l’ANFR, mais à 12h de décalage de la métropole !
La partie maritime du travail tient ici un rôle prépondérant. Elle s’adresse à la fois aux particuliers ainsi qu’aux professionnels (examen CRR, contrôles des installations des navires). L’Antenne a aussi un rôle pédagogique auprès du grand public avec une forte communication effectuée au niveau local et la publication d’un observatoire des réseaux mobiles dédié à la Polynésie française.
Quelles sont les spécificités de l’Antenne ?
Les agents de l’Antenne effectuent leurs missions propres et réalisent aussi, par délégation et sous conventions, un certain nombre de missions relevant de la compétence de l’État ou de la Polynésie française.
Il faut savoir qu’en Polynésie française, l’État français a la compétence sur les domaines strictement régaliens. Par exemple, la règlementation des fréquences radioélectriques est de la compétence de l’Etat alors que la régulation des télécommunications commerciales est de la compétence du territoire. De ce fait, l’activité de l’Antenne est régie par 3 grandes conventions signées avec : Le Haut-Commissariat à la République (HCR), les affaires maritimes d’État et du territoire (MER) et la Direction générale de l’économie numérique (DGEN) qui peut être considérée comme l’ARCEP locale.
L’une des missions spécifique de l’antenne est la surveillance de marché a priori. Il est primordial de s’assurer de la conformité des équipements entrant sur le territoire. Le fait que le contrôle ne soit pas réalisé a posteriori comme en métropole s’explique par la position géographique du territoire, se trouvant entre les États-Unis et la Chine. Concrètement, cette mission de surveillance de marché se caractérise par la délivrance d’autorisations administratives d’importation (AAI) pour des équipements terminaux radioélectriques non connectés à un réseau ouvert au public.
Une autre spécificité de l’Antenne est la prépondérance des affaires maritimes. L’antenne de Polynésie applique la convention signée avec les Affaires maritimes d’Etat pour les navires de plus de 160 tonneaux et ceux destinés au transport de passagers, et a signé une convention avec la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) afin de réaliser des contrôles sur les navires de charge et de pêche de moins de 160 tonneaux. En plus de ces contrôles, l’ANFR, par le biais de la convention signée avec le HCR, prépare et fait passer les examens CRR et en délivre les titres.
Concernant l’exposition du public aux ondes et la gestion des fréquences, une convention avec le territoire de la Polynésie française régit l’activité de l’Antenne. En effet, l’État français est compétent sur les sujets régaliens, il n’est donc pas compétent sur les télécommunications commerciales. L’Antenne réalise des mesures d’exposition aux ondes pour le compte du gouvernement polynésien en tant qu’acteur neutre ayant une grande expertise du sujet. L’antenne de l’ANFR apporte son expertise sur la gestion des réseaux radioélectriques indépendants en mettant à disposition une plateforme numérique de collecte des demandes, en vérifie la complétude et la cohérence des données et réalise les déclarations dans les bases notariales de l’Agence.
Concrètement, quelles sont vos missions en tant que responsable de l’Antenne de Polynésie française ?
Je suis avant tout un coordinateur. Je gère la coordination entre les acteurs, locaux et métropolitains, particuliers et professionnels. Je veille à la bonne prise en compte des besoins locaux (brouillages, planification …).
Je coordonne aussi mon équipe, celle-ci est composée de 3 personnes (2 agents de l’ANFR et 1 agent du HCR). Une certaine créativité est nécessaire pour coordonner une si petite équipe à la multitude de tâches qui incombe à l’Antenne. L’équipe est séparée en deux pôles :
- Le pôle administratif chargé de collecter les demandes des licences radio-maritimes, les autorisations d’importation, la gestion des demandes radioamateur …
- Le pôle technique en charge des contrôles de navires, de sites, de traitement des brouillages…
La clé est de pouvoir combiner présence sur le terrain et responsabilités administratives !
Quelles qualités faut-il selon vous pour exercer ce métier ?
Il faut avant tout être polyvalent. Avoir envie d’appréhender une large palette de métiers, être capable d’évoluer, de se rendre sur le terrain … Il est nécessaire d’avoir un bon relationnel et être capable de se constituer un réseau, à la fois local mais aussi métropolitain afin de pouvoir être force de proposition. Je dirai d’ailleurs qu’avoir la capacité de se constituer un large réseau d’interlocuteurs est le premier challenge d’un responsable d’antenne.
En plus de toutes ces prérogatives, il faut aussi être capable de s’adapter à un environnement complètement nouveau, loin de vos repères, ce qui n’est pas toujours aisé.
Pour finir, qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
J’ai la chance d’exercer un métier passionnant, d’aborder des problématiques variées et toujours intéressantes. L’ANFR offre des opportunités uniques dans des environnements différents qui permettent une ouverture d’esprit extraordinaire, on ne s’ennuie jamais !
Par exemple, un prochain dossier de l’Antenne de Polynésie française est la gestion du spectre dans le cadre de l’organisation de l’épreuve de Surf des Jeux Olympiques de PARIS 2024 !