Les enquêtes de l'ANFR : des prévisions météo altérées par des réseaux WiFi non conformes
Quand on installe un réseau local sans fil (RLAN) dans la bande de fréquence 5 GHz, comme par exemple un réseau WiFi, il est essentiel de suivre les règles en vigueur. En effet, cette bande est également utilisée par les radars météorologiques de Météo-France. Ces derniers localisent dans un rayon de plus de 100 km les zones de précipitations (pluie, neige, grêle) et mesurent leur intensité afin de générer une cartographie des précipitations pour des prévisions météorologiques. Une utilisation non conforme de la bande 5 GHz par les systèmes sans fil (WiFi/RLAN) peut donc altérer les données collectées par ces radars et ainsi impacter les prévisions des précipitations à venir.
Il y a donc des règles à respecter par les bornes WiFi et les réseaux RLAN dans la bande de fréquences 5 GHz qui ne sont malheureusement pas toujours appliquées. Ce mois-ci, deux cas de brouillages de radars météorologiques ont été soumis à l’ANFR.
Fin janvier, c’est le radar de Plabennec dans le Finistère qui a subi une perturbation importante affectant les échos relevés sur un large secteur d’observation allant de 350° à 10°. Les agents du service régional de Donges sont intervenus. Le fait qu’un très large secteur soit brouillé est symptomatique d’une émission perturbatrice proche du radar. L’ANFR a donc planifié ses premières mesures près du radar, mais seule une émission de faible amplitude a été détectée. Un autre point de mesure a donc été organisé dans le centre-ville près de l’église, sur laquelle des antennes de type RLAN sont visibles. Ces mesures ont mis en évidence la présence de nombreuses liaisons WiFi émettant dans la fréquence du radar météo. Des mesures complémentaires réalisées dans d’autres lieux du centre-ville ont révélé que les brouillages provenaient du système de vidéoprotection utilisant des liaisons sans fil de type WiFi installées par la commune. Sur préconisation de l’ANFR, les prestataires de la mairie ont réalisé une coupure physique des antennes WiFi déployées sur la ville, ce qui a permis de lever tout doute sur l’origine du brouillage. Il leur a alors été signifié qu’ils étaient responsables d’une infraction au titre de la réglementation des fréquences et demandé, avant toute remise en service du réseau, de procéder aux corrections nécessaires pour remédier au brouillage et en particulier de vérifier que chacune des bornes RLAN installées disposent d’un système de sélection dynamique de fréquences (DFS) opérant correctement. Cette demande semble avoir été respectée puisque Météo France a depuis confirmé la disparition de la perturbation.
Début février, Météo France a signalé à l’ANFR des perturbations affectant son radar installé sur la commune de Saint-Nizier-d'Azergues dans le Rhône.
La première intervention des agents du service régional de Lyon a consisté à faire des mesures, après concertation avec Météo-France, sur le radar météo lui-même afin de caractériser le plus précisément possible le signal perturbateur et notamment relever sa signature spectrale. Une émission perturbatrice de type RLAN a été mesurée avec une puissance maximale dans l’azimut 74,5°. Les agents ont donc pris la route à bord de leur véhicule laboratoire en suivant la direction proche de l’azimut pertinent.
Pendant qu’ils se déplaçaient à la recherche de la source de brouillage, ils ont effectué des mesures à l’aide de leurs équipements de pointe. C’est finalement à 125 km du radar que le signal perturbateur est localisé !
Il s’agissait d’un équipement WiFi fonctionnant sur le canal 121 et utilisé par un opérateur d’Internet sans fil sur la commune de Mijoux dans l’Ain. L’ANFR a signifié à l’opérateur incriminé qu’il était responsable d’une infraction relative à l’utilisation des fréquences et lui a demandé de procéder aux travaux nécessaires pour mettre fin au brouillage et de vérifier que le système de gestion dynamique des fréquences (DFS) soit bien opérant sur ses équipements pour ne pas récidiver. Suite à cette demande et Météo-France ayant constaté la disparition du brouillage, l’ANFR a conclu à sa résolution.
A noter que le responsable d’un brouillage par manquement réglementaire encourt par ailleurs des sanctions pénales qui peuvent aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 30.000€ d’amende en application de l’article L39-1 du CPCE. Consulter la fiche pédagogique dédiée pour en savoir plus sur les règles lors de l’utilisation de la bande de fréquences 5 GHz.