Marche arrière en bande interdite

Enquêtes de l’ANFR 31 mai 2024
Le 26 octobre 2023, l’ANFR a été saisie pour une plainte en brouillage par un opérateur de téléphonie mobile. Deux agents de contrôle du spectre du site de Saint-André-de Corcy du Service Interrégional Est de l’ANFR ont pris cette affaire en charge.

Ce dysfonctionnement affectait les services 3G de téléphonie et d’internet mobile dans la bande de fréquences 2,6 GHz sur la commune de Chatuzange-le-Gourbet dans le département de la Drôme.

 

Les agents se sont rendus auprès de l’antenne relais de téléphonie mobile perturbée afin de relever les caractéristiques du signal brouilleur.  Avec leurs équipements de mesure, ils ont pu obtenir le relevé spectral de l’émission en cause, la forme du signal et son intensité. Forts de cette information, ils ont programmé les équipements de leur véhicule laboratoire dont le radiogoniomètre installé sur le toit sur la fréquence de 2508 MHz et ont lancé la recherche en roulant.

 

Le trajet s’est arrêté devant une maison située à environ 2 km de l’antenne relais. Leur récepteur portatif muni d’une antenne directive a confirmé la provenance de la perturbation. Ils ont sonné, se sont présentés et expliqué l’objet de leur intervention : trouver l’équipement responsable du brouillage !

 

C’est sur le camping-car garé devant la maison qu’ils ont trouvé une caméra de recul pour faciliter les manœuvres. Cette caméra était connectée en Wifi vers un écran installé dans le poste de conduite.

Le mystère a vite cessé ! Cette caméra émettait en effet des signaux perturbateurs sur la bande de des opérateurs mobiles, au lieu d’émettre dans la bande WiFi à 2,4 GHz. Comme elle était connectée en permanence car elle était branchée sur la batterie, elle était sujette à un échauffement permanent qui avait fini par altérer ses composants : c’est ainsi que sa fréquence d’émission avait dérivé en dehors de la bande WiFi pour atteindre progressivement la bande d’un opérateur de téléphonie mobile. Conséquence : la couverture et la qualité de ses services étaient altérés sur toute la commune.

 

Il s’est avéré aussi que la caméra de recul ne fonctionnait plus, ce qui peut s’expliquer puisque le récepteur connecté à l’écran du conducteur attendait un signal qui avait disparu de la bande WiFi. Les agents de l’ANFR ont fait débrancher la caméra et demandé à ce qu’elle ne soit plus utilisée. L’opérateur a confirmé que le brouillage a été résolu.

 

Les appareils radioélectriques peuvent être conformes à l’achat, mais ils ne sont pas tous conçus pour un usage intensif ou dans des conditions d’utilisation difficiles. Cette caméra de recul fonctionnant en WiFi n’était visiblement pas adaptée à une mise sous tension permanente. En outre, exposer cet appareil à l’air libre et donc certains jours en plein soleil a vraisemblablement accéléré le vieillissement de ses composants.

 

Lorsque des signes de défaillance apparaissent (ici, l’arrêt de l’affichage de l’image sur l’écran du conducteur était pourtant un indice évident), il est toujours plus prudent de débrancher un appareil radioélectrique : il est en effet possible qu’il émette toujours, mais dans une bande différente ! Or ne l’oubliez pas : l’utilisation d’un équipement radioélectrique en dehors des conditions réglementaires ou d’une fréquence sans les autorisations nécessaires sont deux délits passibles chacun d’une peine maximale de 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende (article L. 39-1 du CPCE).

 

Le propriétaire du camping-car ayant été très coopératif et s’étant remis en conformité immédiatement lors de l’intervention de nos agents, les agents lui ont simplement rappelé la réglementation en vigueur.