Les technologies mobiles 2G, 3G, 4G à bord des avions… et si on utilisait aussi la 5G ?
Certaines compagnies aériennes offrent aujourd’hui des services de connectivités à bord des avions en utilisant les mêmes technologies que les opérateurs mobiles : 2G (GSM), 3G (UMTS) et 4G (LTE). Moyennant facturation, le passager peut connecter son smartphone à une station de base comme s’il activait l’itinérance de données à l’étranger. Néanmoins, seuls les usages data sont autorisés pour le respect de la tranquillité des autres passagers. C’est ce qu’on appelle les réseaux MCA (Mobile Communications Aircraft).
Cependant, ces services peuvent brouiller les réseaux mobiles terrestres ou d’autres usages dans les bandes adjacentes des réseaux mobiles. C’est pourquoi seules les bandes 1 800 MHz et 2 100 MHz peuvent être utilisées, la première pour la 2G ou la 4G, la seconde étant réservée à la 3G. Symétriquement, les terminaux mobiles utilisés à bord peuvent être perturbés par les réseaux terrestres : un brouilleur embarqué, appelé NCU, les isole donc de la 3G.
Ces dernières années, la réglementation relative à l’installation de ces NCU a été allégée. Le NCU n’est obligatoire que dans les bandes où les réseaux mobiles terrestres 3G UMTS sont déployés, c’est-à-dire les bandes 900 MHz et 2 GHz. L’opérateur MCA peut aussi éviter la mise en œuvre d’un NCU s’il démontre que l’atténuation par la carlingue est suffisante pour empêcher la connexion des appareils embarqués aux réseaux mobiles terrestres. En outre, des analyses menées en 2016 avaient conclu que les réseaux terrestres 2G et 4G ne nécessitaient pas de NCU. En effet, les tentatives de connexion intempestives aux réseaux terrestres 2G ou 4G de terminaux 2G ou 4G à bord n’ont pas d’impact significatif sur les réseaux terrestre. En revanche, les tentatives de connexion en 3G peuvent aboutir à des réductions partielles ou temporaires de capacité des réseaux terrestres. La réglementation aéronautique européenne laisse la possibilité aux compagnies aériennes d’autoriser les passagers à utiliser des équipements électroniques sous réserve que l’avion ne soit pas affecté par les transmissions radio de ces équipements. Des tests d’immunités des avions aux transmissions radio provenant des équipements électroniques des passagers, comme les smartphones, sont désormais réalisés. C’est ainsi qu’il a été constaté que les consignes demandant aux passagers de mettre leurs téléphones en « mode avion « lors du décollage et de l’atterrissage n’étaient pas respectées pour environ 20 % des terminaux embarqués dans les vols en Europe !
De nouveaux travaux européens étudient même la possibilité de rendre optionnel l’usage des brouilleurs embarqués en prenant en compte le déclin de la 3G. De fait, des opérateurs mobiles majeurs comme Vodafone ou Deutsche Telecom ont annoncé l’extinction de leurs réseaux 3G à partir de 2020 – 2021. Quant à Telenor et Telia en Norvège, ils les éteignent dès maintenant. D’autres arguments sont aussi avancés et notamment le fait que les passagers sont équipés à plus de 98 % de terminaux 2G/3G/4G qui recherchent en premier lieu les réseaux 4G largement déployés en Europe. Ces terminaux se connectent donc systématiquement au réseau MCA en 4G sans risque d’accrocher un réseau 3G terrestre. Par ailleurs, la vitesse de déplacement de l’avion rendrait inopérant toute tentative d’enregistrement sur un réseau 3G terrestre. Pourtant les modalités d’enregistrement automatique du terminal mobile au réseau de l’opérateur domestique ou des opérateurs privilégiés en itinérance pourraient invalider ce raisonnement. Un autre argument a été avancé en faveur de la suppression de l’obligation de NCU : les téléphones embarqués détectent un nombre de stations de base 3G tellement élevé qu’aucune d’entre elles ne serait plus capable qu’une autre de prendre en charge la demande de connexion du terminal 3G à bord. Ces débats se poursuivront cet automne.
Les opérateurs mobiles, qui restent menacés par des brouillages du réseau terrestre, restent attentifs aux conditions de relâchement de ce cadre réglementaire. Une nouvelle préoccupation vient d’ailleurs d’apparaître : les opérateurs MCA souhaitent utiliser sans attendre la 5G à bord des avions. L’utilisation d’antennes passives 1 800 MHz à bord est donc à l’étude, ce qui permettrait d’envisager l’ouverture d’ici mi 2021 de la possibilité d’utiliser la 5G à bord des avions.