Les enquêtes de l’ANFR : un halogène qui faisait de l’ombre à la télévision
Près de Nancy, un téléspectateur recevait mal la TNT. L’ANFR est intervenue pour résoudre ce brouillage qui n’était pas commun…
En cette fin d’année 2020, une plainte d’un téléspectateur de Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy, fait état d’un brouillage bien particulier : pixellisation des images, mais… seulement à partir de 18h, et jusque tard dans la nuit ! Le plus souvent, les défauts de réception proviennent de trois causes : un incident technique sur l’émetteur, une trop grande distance entre l’habitation et l’émetteur ou une interférence produite par un relais 4G. Mais les informations recueillies par nos agents ne concordent pas. Et le logement ne peut qu’être bien couvert par la TNT : l’émetteur principal de Nancy est tout proche !
Il faut donc aller sur place pour enquêter sur cette perturbation nocturne. En fin de journée, les agents assermentés du service régional de Nancy se rendent ainsi au domicile du téléspectateur. Ils procèdent d’abord à des mesures sur le téléviseur et sa prise d’antenne : le brouillage ne vient pas d’un équipement du domicile. Revenant à leur véhicule technique, ils déploient alors son mât pneumatique de 10 mètres, qui leur permet de capter ces mêmes ondes radio que reçoit l’antenne de toit toute proche. Envoyé sur une batterie d’analyseurs embarqués, le signal perturbé livre alors ses secrets : le programme de la TNT apparaît haché par des bruits impulsionnels puissants (70 dBµV) émis entre 400 MHz et 600MHz.
Le mât est alors abaissé, et l’antenne changée : muni cette fois d’une antenne directive, le mât commence à pivoter tandis que, dans la cabine, nos agents scrutent l’origine de cette émission perturbatrice. L’enquête s’arrête bien vite : elle provient du système d’éclairage d’un complexe sportif hébergé par un bâtiment communal tout près du domicile du téléspectateur ! En l’occurrence, ce signal est dû à un spot halogène installé juste dans l’axe de l’antenne râteau du toit du plaignant. Défectueux, ce spot clignotait en permanence dès qu’il s’allumait, et pour toute la durée des entraînements du soir. Les interférences provenaient d’un problème de compatibilité électromagnétique : des parasites produits par les coupures périodiques du circuit affectaient la réception des signaux de la TNT.
Aussitôt, les agents de l’ANFR informent le gestionnaire du centre sportif de leur constat et lui demandent de réparer son système d’éclairage. Il a suffi que, dès le lendemain, la mairie remplace cette lampe clignotante pour que le téléspectateur puisse de nouveau suivre ses programmes favoris sur la TNT.
Pour en savoir plus
Un appareil électrique ou électronique peut produire des signaux parasites : non-conformité, vétusté, mauvais réglage, dysfonctionnement... Concrètement, les causes peuvent être le desserrement ou l’altération d’un câble, le vieillissement d’un composant, une mauvaise mise à la terre, un équipement en panne mais non débranché ou encore un appareil non conforme à la réglementation européenne (sans marquage CE).
Ils peuvent alors porter atteinte à la disponibilité de services de radiocommunication comme la réception TNT. La portée de ces brouillages touche un voisinage plus ou moins lointain, selon les puissances mises en jeu. Quant à l’impact, il peut aller de l’altération à l’indisponibilité de la TNT.
Si un appareil électrique crée un brouillage par parasites électromagnétiques en ne respectant pas les normes de compatibilité électromagnétique, son propriétaire est responsable d’une infraction à la bonne utilisation des fréquences. Il est alors susceptible de se voir appliquer une sanction pénale allant jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende au titre du Code des postes et communications électroniques (CPCE). Il faut ainsi être vigilant lors de l’achat de tout équipement électronique ou électrique en s’assurant qu’il soit conforme à la réglementation européenne (marquage CE) et s’assurer, au fil de leur usage, que ces équipements ne se mettent pas à dysfonctionner.