Les enquêtes de l’ANFR - Conflit de voisinage : quand la radio FM s’invite dans les communications aéronautiques
Fin 2020, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a saisi l’ANFR pour un brouillage dans la zone de Valence (Drôme) affectant une bande de fréquences allouée à la navigation aérienne.
C’est lors d’un vol d’un avion de contrôle que le pilote se rendit compte d’interférences sur le réseau de communication critique de l’Aviation civile. La DGAC dispose en effet d’avions pour vérifier les dispositifs de vol aux instruments ainsi que la propreté spectrale dans la bande VHF allouée à la navigation aérienne. Sans attendre, le pilote activa les équipements de bord, qui permirent d’enregistrer les caractéristiques de la perturbation. Celles-ci furent immédiatement transmises à l’ANFR pour lancer l’enquête.
L’analyse de cet enregistrement livra des pistes sérieuses sur la source possible de ce brouillage. Un agent du contrôle du spectre du service régional de Lyon fut alors dépêché avec son véhicule laboratoire et ses équipements de contrôle vers l’endroit d’où provenaient les émissions parasites. Les mesures réalisées sur place permirent de confirmer le diagnostic : les interférences provenaient d’un émetteur FM d’une radio locale, implanté à Saint-Péray, dans le département de l’Ardèche. Cet émetteur produisait des rayonnements non essentiels à des niveaux trop élevés, dont un coïncidait avec la bande de fréquence aéronautique 114,990 MHz.
Pour mettre fin à ce brouillage, il fallut réparer l’émetteur défaillant. Les représentants de la radio FM s’exécutèrent rapidement : en présence de l’ANFR, une cavité fut installée sur l’émetteur pour améliorer sa polarisation et mettre ainsi fin à la perturbation.
Figure 1 - Mesure réalisée par l’ANFR du rayonnement non essentiel émis par l’émetteur FM
Figure 2 - Cavité passe-bande installé dans le local de la radio
En savoir plus
La bande de fréquences 87,5-108 MHz allouée à la radio FM est voisine de la bande VHF 108-137 MHz utilisée en aéronautique. Cette bande internationale est utilisée pour des communications de sécurité : services mobiles aéronautiques nationaux et internationaux, communications de surface des aérodromes, balises de détresse, <link fr toutes-les-actualites actualites les-series-de-lanfr-saison-1-episode-2-les-systemes-de-radionavigation-utilises-par-laviation-civile>systèmes d’atterrissages aux instruments (instrument landing system – ILS), <link fr toutes-les-actualites actualites les-series-de-lanfr-saison-1-episode-2-les-systemes-de-radionavigation-utilises-par-laviation-civile>relèvements magnétiques omnidirectionnels très haute fréquence (VHF omnidirectional rang – VOR).
Des conflits de voisinage entre ces deux bandes peuvent apparaître et détériorer des communications critiques pour l’Aviation civile. Ces brouillages sont donc traités en priorité par les agents de l’ANFR afin de rétablir les bonnes communications. Avant d’intervenir sur le terrain pour caractériser et localiser précisément la source de l’émission perturbatrice, ils s’appuient sur le réseau de radiogoniomètres de l’ANFR. Grâce à des « tirs » goniométriques, les agents peuvent repérer la direction du signal brouilleur et ainsi limiter la zone de recherche au sol. Les contrôleurs se déploient ensuite sur le terrain avec leur véhicule technique puis, le cas échéant, terminent la recherche à pied avec un récepteur et une antenne directive pour localiser plus précisément la source de l’émission perturbatrice.