Les enquêtes de l’ANFR - Alerte chez un radioamateur : un brouillage peut en cacher un autre
Un radioamateur de Loire-Atlantique a signalé à l’ANFR un brouillage affectant son récepteur dans les bandes HF (bandes des 80, 40 et 17 mètres).
Le service régional de Donges s’est saisi de l’affaire : chez le radioamateur, nos agents de contrôle, après quelques mesures, se rendirent compte qu’il n’y avait pas une source de brouillage, mais deux ! Très vite, ils se mirent à rechercher des sources perturbatrices alentour…
Tout d’abord, les mesures indiquaient une forte remontée de bruit dans la bande HF (3 à 30 MHz). L’antenne directive, tel un bâton de sourcier, désigna une habitation située dans la même rue que le radioamateur ... L’occupant des lieux accepta que les agents de l’ANFR approfondissent leur enquête dans son domicile. Mais il n’est pas toujours facile de détecter l’origine d’une émission dans ces bandes de fréquences dans une habitation. Aux grands maux, les grands remèdes : en coupant (avec l’accord de l’occupant) le compteur électrique général, le signal perturbateur disparut aussitôt. La source du brouillage était donc nécessairement l’un des équipements électriques du foyer. Restait maintenant à identifier lequel… Passant de pièce en pièce, nos enquêteurs se retrouvèrent rapidement face à un dressing éclairé… par un ruban LED ! Il s’avéra que l’alimentation de cette lumière décorative émettait des rayonnements parasites en excès dans l’une des bandes de fréquences utilisée par le service radioamateur. Il a donc été demandé au propriétaire de faire réparer ou de remplacer cet appareil, qui rayonnait bien au-delà de la pièce qu’il illuminait.
Mais, l’enquête n’était pas encore terminée : il fallait à présent trouver la seconde source de brouillage…
Les contrôleurs de l’ANFR reprirent leurs recherches. Cette fois encore, le signal perturbateur provenait d’une habitation située dans cette même rue ! Rebelote : tests et mesures chez le particulier permirent d’identifier l’équipement en cause… Il s’agissait cette fois-ci d’une clôture électrique qui empêchait les chats errants de s’introduire dans le jardin et d’abîmer le potager ! Le propriétaire dut lui aussi la remplacer ou la réparer dans les délais requis.
Ce double brouillage avait ainsi pour origine deux équipements domestiques insolites, transformés à l’insu de leurs propriétaires en sources de parasites électromagnétiques. Alimentés en continu par le secteur, ces deux appareils altéraient les bandes HF du fait d’un problème de compatibilité électromagnétique (CEM). Ces brouillages CEM sont des causes fréquentes de perturbations puisqu’en 2020, 37 % des brouillages identifiés ont été causés par des parasites électromagnétiques.
Pour en savoir plus sur les brouillages CEM
Un appareil électrique ou électronique peut produire des signaux parasites : non-conformité, vétusté, mauvais réglage, dysfonctionnement... Concrètement, les causes peuvent être le desserrement ou l’altération d’un câble, le vieillissement d’un composant, une mauvaise mise à la terre, un équipement en panne mais toujours alimenté ou encore un appareil non conforme à la réglementation européenne (sans marquage CE).
Ils peuvent alors porter atteinte à la disponibilité de services de radiocommunication. La portée de ces brouillages touche un voisinage plus ou moins lointain, selon les puissances mises en jeu.
Si un appareil électrique crée un brouillage par parasites électromagnétiques en ne respectant pas les normes de compatibilité électromagnétique, son propriétaire est responsable d’une infraction à la bonne utilisation des fréquences. Il est alors susceptible de se voir appliquer une sanction pénale allant jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende au titre du Code des postes et communications électroniques (CPCE). Il faut ainsi rester vigilant lors de l’achat de tout équipement électronique ou électrique en s’assurant qu’il soit conforme à la réglementation européenne (marquage CE) et qu’au fil de son usage, il ne se mette pas à dysfonctionner.