Le Mobile World Congress de Barcelone : l’industrie mobile en effervescence
Trois ans, c’est une éternité dans l’échelle de temps de l’industrie mobile où les nouvelles générations apparaissent tous les 10 ans ! Le dernier salon européen de Barcelone, organisé par la GSMA, association des opérateurs mobiles, et qui regroupe l’ensemble des composantes de l’industrie mobile, s’était tenu en février 2019. Les premiers terminaux 5G et stations de base y étaient exposés, laissant déjà entrevoir de nouveaux services de connectivité très haut débit. Il était déjà question des promesses des « verticaux », du temps de latence réduit ou du « slicing » qui autorise des modes d’usage différents dans un même réseau. Le cadre réglementaire européen venait d’être établi pour la bande 3,5 GHz mais restait encore à finaliser pour la bande 26 GHz. Les premières autorisations n’étaient pas encore octroyées en Europe.
Après l’annulation de l’événement en 2020 et la tentative de relance de 2021, 2022 était donc l’année de la renaissance. Autour des stands dont certains rivalisaient en démesure pour mettre en avant le potentiel de la 5G, les débats ont foisonné et les salons affichaient complets : lobbying, networking de rigueur, rencontres bilatérales, conférences, sommets (5G mmW, 5G IoT, 6G, Open Ran, automobiles intelligentes, drones, par exemple). L’ANFR était cette année représentée par son Directeur général, Gilles Brégant, qui s’est immergé dans l’effervescence de l’industrie mobile où la 6G commence à se profiler.
Cette année, la Commission européenne y a dévoilé sa vision de la 6G qu’elle appuie par des financements vers la R&D et des partenariats avec les industriels. Orange, de son côté, a annoncé son calendrier pour l’extinction de la 2G (2025) et de la 3G (2028), tout en multipliant les conférences sur le potentiel de la 5G pour la réalité virtuelle et augmentée.
La GSMA a mis en place dans le cadre du congrès un programme à destination des administrations, le Ministerial Program. C’était l’occasion de découvrir les visions et les attentes des opérateurs. Un débat sur la préparation de la CMR-23 a également été organisé à l’occasion d’une session sur la stratégie des fréquences pour la 4G, la 5G et au-delà. Le Directeur du Bureau des radiocommunications y a exposé les enjeux de cette prochaine conférence mondiale en clôturant son message sur les questions environnementales (consommation d’énergie, émission gaz à effet de serre) qui s’invitent sur certains points d’ordre de jour. La lutte contre le changement climatique s’est d’ailleurs traduite au MWC par une présence croissante, sur certains stands, de solutions basse consommation (stations de base 5G).
La 5G en bande C s’affichait chez tous les équipementiers, confirmant la pertinence de la stratégie de bande pionnière 3.4-3.8 GHz promue par l’Union européenne. Lors d’une conférence, un opérateur mobile russe a d’ailleurs questionné la stratégie soutenue par son gouvernement en faveur de la bande 4,8-4,99 GHz, alors que la bande 3,4-3,8 GHz se déploie avec des économies d’échelle supérieures et des investissements moins élevés.
La tension sur la bande 6 GHz haute, qui sera au cœur des débats de la CMR-23 (point 1.2 de l’ordre du jour), était également palpable : d’un côté, des arguments en faveur d’une attribution de cette bande aux technologies mobiles « IMT » pour les déploiements dans tous les environnements ; de l’autre, les exposés des acteurs du WiFi sur le potentiel que peuvent présenter des canaux très larges (jusqu’à 320 MHz) et des bandes gratuites pour les applications industrielles ou de réalité virtuelle.
Enfin, les nombreux exemples d’applications dans différents univers industriels, notamment pour l’automatisation et les capteurs, ont confirmé le lien entre la 5G et les verticaux. Les usages de la 5G pour les loisirs et les médias ont également été illustrés avec, par exemple, la possibilité pour un spectateur dans un stade d’avoir accès à des vidéos sous différents angles de vues, pour une plus grande immersion dans l’évènement.
Toute la chaîne de valeur était présente à Barcelone. Les fournisseurs d’équipements de mesures affichaient leurs derniers instruments, adaptés aux nouvelles bandes de fréquences et à la mesure de l’exposition en tout lieu, sur terre ou dans les airs. Et la French tech n’était pas en reste : 47 PME ont exposé leurs solutions dont la société RED technologies, qui était intervenue lors de l’atelier « partage des fréquences » organisé par l’ANFR.